Ce 16 juillet, Jacquemus, maison haute couture appartenant à Simon Porte Jacquemus, invitait une centaine d’invités à se rendre dans un lieu situé à une heure de Paris, pour son défilé Printemps/Été. Comme un rappel au défilé Printemps/Été 2020, pour les 10 ans de la maison, ce défilé se fait en plein air, sous des conditions un peu particulières. Cette collection nommée « L’amour », dessinée en confinement, est un clin d’œil à cette pandémie mondiale.
Nous nous retrouvons dans un champ de blé dans le parc naturel régional du Vexin français, où un podium de bois de 600 m de long se fond en zigzagz au milieu des épis. Le ciel est gris, les invités sont décoiffés par des bourrasques de vent, et pourtant l’heure est à la joie. Une estrade de bois accueille les invités, où ils peuvent commencer à siroter un verre et admirer l’ambiance du défilé, tenu jusque-là secret. On retrouve un lit en bois foncé, couvert d’une literie blanche, trônant au milieu du champ. Des chaises en bois et paille longent le podium, maintenant une distance de sécurité obligatoire entre chaque invité, le port du masque étant obligatoire lorsque les invités et équipes du défilé circulent. Pour Simon Porte Jacquemus, le défilé ne pouvait se faire en vidéo, malgré la situation, comme il l’explique à l’équipe de Vogue : « For me, the runway can’t be a video. It’s at the heart of what we do; it’s not superficial. It’s important to all of us to continue, just like a restaurant that reopens. It’s like a movie of a summer day. It’s our life. »
Le défilé commence
Les premiers mannequins lancent le ton de la collection, toutes de blanc vêtues. Ensuite un costume d’homme jaune pâle entame une sélection de tenues dans les bruns chauds. Les tenues noires arrivent ensuite avec une jupe fixée par un lien autour du ventre, tout comme un grand nombre de tenues fixées ainsi, attirant l’attention sur la taille marquée des mannequins. De nombreux costumes pour les hommes, amples et souples, libérant le mouvement comme pour rester chez soi, des chemises aux motifs rappelant une table de petit déjeuner du dimanche, quand on a tout son temps. Enfin, la robe de mariée, portée par la modèle Mica Arganaraz, écrin de simplicité et d’élégance, même si toute la collection propose un grand nombre de robes blanches, permettant un large choix de robes de mariées disponibles. Arrive enfin les référence à la sauge, symbole de la Provence, dans les couleurs et les motifs. Un clin d’œil également à l’hygiène importante en ces temps de crise avec un collier contenant un cube de savon de Marseille. Cinquante-cinq looks chauds, doux, purs, finissant par Simon Porte Jacquemus, accordé à la palette du champ de blé, courant le long du podium, saluant les invités, embrassant le ciel, mouvement qu’il répète à chaque défilé, un remerciement à sa mère décédée, qui a donné son nom à la marque.
La collection dessinée en confinement
Simon Porte Jacquemus a
dessiné cette collection chez lui, en Provence, en confinement. Il décide alors
de la consacrer à l’amour et à la célébration, « comme un mariage de
campagne ou une fête de la moisson ». Jacquemus a voulu représenter
l’esprit « cocooning » à la maison en créant une collection de
déclaration d’amour à son équipe, y mêlant des références à la Provence tels
que de la céramique, un panier de fraises, une nappe de grand-mère, des
vêtements qui renvoient à ce que nous avons tous vécus à l’intérieur. La
palette de couleur est douce ; sauge, écru, noir et argile décolorée par
le soleil. Des références se retrouvent également dans les matières et les
motifs des vêtements ; du lin, un sac en coussin, des fourchettes et
couteaux brodés, des motifs de feuilles de sauge et de cœur coupés dans le
tissu. On retrouve également des motifs Picasso, première inspiration de Simon
Porte Jacquemus.
Un défilé plein de tendresse, de douceur, une ode à son chez soi, à la Provence. Des conditions particulières qui n’enlèvent rien à la magie réputée des défilés Jacquemus, non seulement des vêtements épurés et élégants, mais surtout des poèmes, des souvenirs de son enfance et du style de sa mère, ce sont ses histoires personnelles qu’il raconte dans ses défilés.
Juliette Dejardin, Bloc 3, Communication et Projets culturels
