Tout comme Jake Sully sortant de son hibernation spatiale dans le film Avatar, l’étudiante que je suis émerge fin aout d’un repos estival bien mérité après une fin d’année chaotique. En pleine détresse à l‘idée de la reprise des cours, et ayant toujours en tête les déboires du mois de juin, c’est en vagabondant sur la toile que je tombe sur un post de « Drive in cinéma ». Mon regard est instantanément attiré par une programmation de films. Ça y est, la Belgique embraye le pas aux États-Unis en organisant des séances de cinéma plein air.
En ces temps de crise sanitaire, quoi de mieux pour réchauffer les cœurs que de rassembler des familles ou des amis devant un bon film ? Nouveau maître mot : ensemble, mais à distance ! La sécurité est THE priorité principale. Le principe est là, chacun dans sa voiture, mais tous réunis devant un classique, allant de Titanic à la Ligne verte en passant par la Boom, ou encore plus récemment Bohemian Rapsody.
En regardant le planning des séances de plus près, mon dévolu se porte sur Avatar de James Cameron, un de mes films préférés. Un incontournable du cinéma de science-fiction contemporain, il permet à son public de rêver d’ailleurs et se laisse regarder sans modération.
Jeudi 10 septembre 2020 arrive le jour J. Mes compagnons et moi arrivons à l’aéroport de Liège, théâtre de cet évènement ludique. Pour cette soirée, je suis accompagnée de mon compagnon, ma sœur et un ami. Nos yeux pétillent, nos cœurs battent à 100 à l’heure, nous sommes comme des enfants un matin de Noël. L’excitation de cette nouvelle aventure nous prend aux tripes et ne nous lâchera plus pendant plus de 2h. Nous sommes tous les quatre reçus par une hôtesse d’accueil qui prend notre ticket, nous offre des goodies et nous oriente vers son collègue afin de nous installer. En découvrant l’écran géant, notre engouement atteint son paroxysme : nous sommes prêts à passer un bon moment ! Dévorés par l’impatience, nos mains pleines de snacks, nous trépignons pour enfin commencer ce trip à l’américaine.
Guidée tel un poids lourd de 5 tonnes, notre voiture est dirigée par un gentilhomme muni de deux lampes. L’organisation est réglée comme une horloge, tout est chronométré. Chaque participant doit être présent quinze minutes à l’avance pour que tout le monde ait le temps d’être installé correctement, évitant ainsi tout retard dans les séances. Le voyage peut commencer.
Enfin garés, nous apprécions le temps doux et agréable de ce mois de septembre, parfait pour regarder un film la fenêtre ouverte. Une brise légère caresse nos cheveux et nous transporte dans une décapotable typique des années 50. L’immersion est totale, un chariot à nourriture passe entre les voitures, proposant snacks et rafraichissements. C’est le parfait décor d’un film américain, le chocolat belge en plus.
On se projette et on s’imagine dompter un Ikram
Le film démarre et nous envoie instantanément sur la planète Pandora. Quelques secondes à peine après la première image, les couleurs submergent nos sens et émerveillent nos cerveaux. Cet univers vivant fait palpiter nos cœurs d’enfants et nous plongent dans ce songe éveillé. En transe, on se laisse emporter par le film comme si nous y étions. On vit l’histoire aux côtés de Jake Sully, apprenant à apprivoiser cet autre peuple que sont les Na’vi, aussi magnifique qu’impressionnant. On se projette et s’imagine dompter un Ikram ou encore voler au-dessus de l’arbre des âmes sous l’œil bienveillant de Eywa. Est-ce l’écran, le son de la radio ou encore mon amour pour ce film qui me fait voyager à travers cette projection, je ne saurais le dire. Mais les faits sont là, à l’heure qu’il est je suis une petite fille débordant d’imagination plongée dans cet autre planète et vivant sa meilleure vie. Je me laisse aller à l’allégresse de ce moment dans les bras de mon petit ami, qui lui aussi est parti dans un autre monde. Pendant un instant, l’univers s’est figé, les soucis du quotidien ont disparu et ont laissé place à la légèreté, au bonheur.
Accrochés à l’écran comme si notre vie en dépendait, nous sursautons quand celui-ci s’éteint soudainement. En effet, il est minuit, le film est fini et nous ressentons alors une pointe de nostalgie. Je me retourne vers mes compères pour avoir leur avis. L’heure du débriefing a sonné. Nous sommes tous d’accord, l’expérience était géniale. On avait beau connaître le film, le revoir dans ces conditions avait un véritable côté magique. Cette fois nous n’avons pas simplement été spectateur d’un récit, nous sommes passés en quelque sorte de l’autre côté, comme une scène de Grease.
La tête pleine de souvenirs et l’estomac rempli de cochonneries, nous repartons comblés, des étoiles plein les mirettes. C’est songeurs que nous prenons le chemin du retour, la mémoire inondée de nuances kaléidoscopes et d’une odyssée spatiale. Je constate que tout le monde est enivré par une joie contagieuse, cette dernière flotte dans les airs comme un doux parfum de fin d’été. Le voyage se finit en douceur, nous rappelant la rentrée qui approche tel un renouveau, parallèle parfait avec la fin du film.
Charlotte Verbiest, Bloc 3, Communication et projets culturels
