L’industrie cinématographique aura elle aussi payé le prix fort de cette crise sanitaire. Salles de cinéma fermées ou limitées, arrêt de la production des films, festivals annulés, sorties de films décalées. Tout le secteur est chamboulé par la Covid-19. Les recettes ne font que décliner, on estime des pertes de plusieurs milliards.
En effet comme l’a relayé le magazine Variety, la société de recherche médiatique et technologique Omdia a fait ce constat : l’industrie cinématographique comptabiliserait des pertes pouvant s’étendre de 20 à 31 milliards de dollars pour cette année 2020. Alors que pour l’année 2019, les les recettes s’élevaient à 42,5 milliards de dollars, c’est-à-dire quasiment 70% de recettes d’écart par rapport à la même période de l’année dernière. Le directeur du cabinet Omdia, David Hancock, a chiffré un impact de 58% de chiffres d’affaires en moins, tout au mieux, d’ici la fin de l’année. Il a également déclaré au magazine : “La question clé est maintenant de rassurer. À la base, le cinéma est un médium social qui fait sortir les gens de chez eux pour une expérience commune. C’est le point que les critiques du cinéma manquent toujours. Dans cette circonstance sans précédent, la force du cinéma est devenue sa faiblesse. Être social est perçu comme une menace aujourd’hui, la distance physique étant qualifiée de distance sociale. Par conséquent, le public doit être convaincu qu’être dans un espace social est un endroit sûr.”
« Les gens ont besoin de cinémas, les films ont besoin de cinémas, la société a besoin de cinémas »
Pour ce qui est de la maintenance des festivals, certains d’entre eux ont lieu en ligne. C’est le cas du Festival International du Film de Toronto. Martin Scorsese s’est d’ailleurs exprimé lors de ce festival virtuel quant à la situation inédite qu’est en train de vivre le secteur cinématographique, comme nous avons pu le lire dans un article de AlloCiné. Pour reprendre ses dires, il est consterné de voir le statut de l’industrie cinématographique durant cette crise sanitaire : « Le fait que les festivals de cinéma continuent d’avoir lieu – improvisent, s’adaptent, font en sorte que tout fonctionne d’une façon ou d’une autre – est très émouvant pour moi parce que dans la presse et la culture populaire, il est malheureusement de plus en plus fréquent de voir le cinéma relégué au second plan et dévalorisé, se retrouvant classé dans une catégorie qui ressemble à un petit plat réconfortant. »
« Le cinéma relégué au second plan et dévalorisé »
Mais il ajoute aussi qu’il faut garder en tête que : « cette forme d’art remarquable a toujours été et sera toujours beaucoup plus qu’une distraction. Le cinéma, à son meilleur niveau, est une source d’émerveillement et d’inspiration ».
Quant aux tournages, la majorité d’entre eux ont été interrompus comme le relate le webzine Lernvid.com, mais « il s’agit d’une turbulence qui n’avait jamais été enregistrée dans l’histoire du cinéma. ». Certes, il y avait déjà eu auparavant des conflits mondiaux tels que la Guerre 14-18 ou encore l’année 68 durant laquelle le secteur s’était mis en stand-by mais jamais d’une telle envergure ! Surtout sur un plan économique.
« Il s’agit d’une turbulence qui n’avait jamais été enregistrée dans l’histoire du cinéma »
Plus proche de chez nous, les salles de cinéma de la région liégeoise ne
peuvent aller que jusque 33% de leur capacité maximale suite aux mesures prises.
Lo Maghin, responsable de la communication pour l’ASBL Les Grignoux a
affirmé au journal de la RTBF,
que ce n’était pas du tout rentable, mais qu’il était essentiel de garder
un contact avec le public.
On peut aussi remarquer que le public n’est plus le même, mais cela est sans aucun doute lié aux films proposés par les cinémas liégeois. Il ne faut pas oublier que le choix des films est plus limité, vu que les grosses productions ont été reportées, les films d’auteur sont ceux qui sont le plus susceptible de sortir et ils attirent donc un public plus amateur d’art et d’essai, plus « cinéphile ».
Perrine Furnémont, Bloc 3, Communication et projets culturels