Ne vous souvenez-vous pas de ces soirées pendant lesquelles vous pouviez chanter, danser, et applaudir des artistes sur la scène du Trocadéro de Liège ? Ces spectacles manquent à leur public, mais également à leurs artistes. Manon Nuyens, chanteuse au Trocadéro depuis quatre ans, et Michel Depas, directeur de la salle de spectacle, témoignent aujourd’hui de leur vie bouleversée, mais également pleine d’espoir pour la reprise des festivités.
Le Trocadéro, haut lieu des festivités liégeoises, livreur de bonne humeur et de spectacles de revues, ferme à nouveau ses portes pour la seconde fois de l’année. Il est fréquent de connaître l’avis des spectateurs déçus et attristés par ces mauvaises nouvelles, mais qu’en est-il des personnes qui travaillent chaque jour dans ces locaux et qui ne peuvent plus gagner leur pain quotidien ni exprimer leur talent ? Ces deux aspects font partie d’une seule et même réalité. En effet, ces artistes et ces équipes font face à une situation qui, en plus de les mettre à mal financièrement, les prive de leur premier amour : l’art du spectacle.
Afin de faire face aux difficultés et de continuer à performer, le directeur des lieux, Michel Depas, nous a confié avoir déjà dû réduire le nombre de spectateurs à soixante pourcents de la capacité originelle de la salle, soit un maximum de quatre-cents places au lieu de six-cent-cinquante. Cette capacité réduite va de pair avec la distanciation sociale obligatoire d’un mètre cinquante entre chaque spectateur, c’est pourquoi, les équipes de communication ont mis au point un système de réservation prenant en compte cette mesure dans le but de garantir au public une sécurité totale. Néanmoins, malgré ces efforts et l’élaboration de protocoles de travail pour les artistes validés par les virologues, la fermeture du secteur culturel laisse un goût d’injustice sur la scène du Trocadéro.
« Il y a de la culture absolument partout »
Manon Nuyens, chanteuse au Trocadéro de Liège, montre son désarroi face à cette nouvelle épreuve pour le secteur culturel. Elle nous confie sa tristesse par des mots pleins de sens : « La culture ce n’est pas que les artistes qui chantent et qui font le show, c’est aussi l’équipe derrière qui monte le spectacle durant des mois avant la première représentation, ce sont les danseurs internationaux qui ne peuvent plus venir, ce sont les ingénieurs son, image, les scénographes. C’est aussi la peinture, les musées, le cinéma ou encore la publicité. On ne se rend pas compte, mais il y a de la culture absolument partout. Lorsque tout est au ralenti comme ça l’est pour l’instant, ça bloque une quantité de personnes ».
En effet, il ne faut pas oublier tous ces gens qui s’investissent aussi dans ces spectacles. Malheureusement, l’organisation est confrontée à un gros problème : payer deux équipes pour deux spectacles différents est devenu trop cher. Les revenus pour l’instant engendrés ne sont suffisants que pour les frais, mais les bénéfices sont devenus rares à présent, comme nous l’a confirmé Michel Depas.
« Gérer des spectacles sur les réseaux sociaux, c’est trop cher »
La possibilité d’étendre le spectacle via les réseaux a été évoquée, mais encore une fois, « gérer des spectacles sur les réseaux sociaux, c’est trop cher ». Ce manque est très difficile à vivre et à gérer. C’est pourquoi, le directeur du théâtre privé, a décidé de créer une pétition afin de faire reconnaître le Trocadéro par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Cela leur permettrait de bénéficier des subsides et de survivre face à cette épreuve. En effet, celui-ci est contraint aux mêmes règles de sécurité et de travail que les autres théâtres de la ville, mais ne dispose actuellement d’aucune aide. Un site web est donc accessible pour signer cette pétition.
Enfin, comme Manon Nuyens nous l’a spécifié : « Le Trocadéro, c’est un mode de vie, c’est vivre ses rêves tous les jours ». Il est donc important pour ces personnes de s’exprimer et de s’épanouir dans leur métier sans avoir peur tous les mois d’un potentiel arrêt du secteur imposé. Les spectateurs leur manquent terriblement, et c’est avec beaucoup d’espoir que ces artistes en tous genres continuent de chanter et d’apprendre leurs textes afin d’offrir une réouverture digne de ce nom au public liégeois.
Irulan Delairesse, Bloc 3, Communication et projets culturels
Pages Web
- « Le Trocadéro de Liège lance une pétition en ligne pour sauver son théâtre ». In : La Meuse, Liège, édition digitale de l’article sur le site La Meuse, mis en ligne le 8/09/2020. https://www.lameuse.be/636321/article/2020-09-08/le-trocadero-de-liege-lance-une-petition-en-ligne-pour-sauver-son-theatre (Consulté le 25/10/2020) ;
- « Trocadéro de Liège » – Photos de la page Instagram du Trocadéro, https://www.instagram.com/trocadero_liege/?hl=fr (Consulté le 25/10/2020) ;
- « Sauvez le Théâtre du Trocadéro de Liège et ses productions de revues à la Parisienne ! ». DEPAS Michel, Directeur du Trocadéro de Liège. https://www.petitionenligne.be/le_lettre_ouvertesauvez_le_theatre_du_trocadero_de_liege_et_ses_productions_de_revues_a_la_parisienne#sign3 (Consulté le 25/10/2020).
Interviews
- Entretien avec Monsieur DEPAS Michel, directeur du théâtre Trocadéro de Liège, réalisé à Liège le 16/10/2020 à 14h00 (durée : 16’46”) ;
- Entretien avec Madame NUYENS Manon, artiste chanteuse au Trocadéro de Liège, réalisée à Liège le 16/10/2020 à 16h32 (durée : 56’).
Photo
- DELAIRESSE, Irulan. Manon Nuyens – chanteuse de 25 ans au Trocadéro de Liège, se prépare à monter sur scène, 1 photo. Trocadéro de Liège, le 22 décembre 2019.