Site Loader

On n’entend plus parler que de lui : le Covid-19. Il est partout, dans les journaux, sur les réseaux sociaux, à la radio, etc. De nombreux secteurs se plaignent d’être « les oubliés » des institutions face à la gestion de cette crise : étudiants, services médicaux divers, ou encore magasiniers. Mais il y a un corps de métier dont on parle peu, voire pas du tout : les pompes funèbres.

Il est vrai que ce sont les personnes auxquelles nous n’avons pas envie de penser. Si nous les contactons, c’est qu’une triste nouvelle est arrivée à un de nos proches. Et pourtant, ils sont toujours là pour aider les familles et les accompagner, même en cette période de crise importante.

Le Coronavirus, ils le côtoient tous les jours, sans même le savoir. On les envoie dans les maisons de repos, les hôpitaux ou encore dans des domiciles afin d’aller chercher les corps sans toujours connaitre l’origine du décès. Malgré ce que la plupart des gens pensent, rien n’est mis en place non plus au niveau des accès des familles aux funérariums ainsi qu’aux cimetières. Tout se fait au cas par cas en fonction des communes, sans savoir si les familles ne risquent pas d’être contaminées par leur proche décédé et si elles ne risquent pas elles-mêmes de transmettre le virus aux employés.

À côté de cela, ils sont également en manque de matériel afin de se protéger. Les masques se font rares pour tout le monde, ils se doivent de les réutiliser afin de les économiser, les garder toute la journée alors que chaque masque à une durée de vie limitée. Ils arrivent vite en rupture de stock de matériel sanitaire, mais aussi de cercueils. Ces employés qui sont directement en contact avec le virus, devraient avoir les mêmes normes de sécurité que dans les hôpitaux, pense-t-on, mais à l’heure actuelle, chaque funérarium se débrouille avec ce qu’il a et ce qu’il arrive à trouver.

Nous pouvons aussi parler de la surcharge de travail qu’il y a sur les épaules de ces employés. Certains vont jusqu’à travailler 20 jours de suite, sans jour de trêve. Tandis que d’autres doivent supporter les gardes, où ils n’arrivent à dormir que 4 à 5 heures sur la nuit (NDLR le compagnon de Nathalie qui travaille dans ce secteur). Il faut également savoir que le métier d’employé de pompes funèbres ne consiste pas juste à mettre un corps dans un cercueil : il y a également les soins faits aux morts, les habillages, les cérémonies, les déplacements, les crémations qui prennent énormément de temps, mais aussi les arrangements avec les familles – afin de définir le cercueil, le lieu où le corps reposera, etc. – ainsi que bon nombre de nettoyages, désinfections des véhicules, etc. Quand on ajoute à tout cela 10 défunts à aller chercher, et qui prennent chacun 1h30 à 2h par défunt, leurs journées deviennent sans fin.

Et pourtant, malgré les conditions affolantes dans lesquelles ces employés travaillent, nous n’en n’entendons parler que très peu dans les réseaux sociaux et autres médias. Il suffit d’aller sur Google et de rechercher « pompes funèbres Belgique » dans la section « Actualités » pour se rendre compte qu’ils ne sont que très peu représentés. Les premiers articles proposés en ce 2 mai 2020 datent du 9 avril ou encore du 13 avril. (cfr. capture d’écran reprise ci-dessous).

Sur les réseaux sociaux, même constat, on en parle peu, voire pas. Les seuls à relayer les informations concernant les pompes funèbres sont les employés eux-mêmes et les publications se font trop rares. Des publications de familles qui ont eu besoin de leurs services font aussi surface afin d’offrir leur soutien aux travailleurs, mais aussi afin de donner leur avis – bien souvent négatif car ils ne peuvent pas accompagner « dignement » leur défunt avec un groupe trop important de personnes. Exemple dans cet article du journal Le Soir.

Alors il est parfaitement compréhensible que les familles veuillent voir leur proche une dernière fois avant qu’on les fasse disparaitre définitivement. Certaines personnes sont seules dans leur deuil et ne peuvent pas le faire correctement sans avoir l’occasion de passer par ce rituel de la manière habituelle (funérarium, cérémonies, enterrements, etc., pour un article sur ce sujet)

Cependant, il serait également parfaitement compréhensible de se mettre aussi à la place des employés de pompes funèbres qui, chaque jour, prennent des risques pour eux, leurs familles, leurs proches, afin d’offrir, malgré la situation, les obsèques les plus correctes possibles aux défunts. Beaucoup rentrent chez eux le soir sans savoir s’ils peuvent embrasser leur femme, leurs enfants. Sans savoir aussi s’ils pourront revoir leurs parents, grands-parents, à la fin du confinement en étant certain de ne pas les contaminer à leur tour, et donc de risquer de devoir s’occuper de leurs obsèques par la suite. Malheureusement, le climat de peur dans lequel les médias nous mettent jour après jour ne nous aide pas à être plus tendre avec ces travailleurs de l’ombre. Tous les jours, les journaux nous envahissent de nouveaux chiffres, de nouvelles hospitalisations, de nouveaux décès (un exemple parmi tant d’autres dans le journal Le Soir).

Le cap des 8000 victimes n’est pas loin d’être dépassé. Mais derrière ces 8000 personnes, pensons à toutes les personnes qui s’en sont occupées jusqu’à la fin. Proches, médecins, infirmiers, ambulanciers, employés de pompes funèbres, fossoyeurs. Tous prennent des risques chaque jour afin d’éviter au reste de la population d’en prendre à son tour.

Le confinement est une chance pour ceux qui se retrouvent confinés. La levée progressive du confinement fait peur à toutes ces personnes qui ne sont pas confinées. Mesurons la chance que nous avons de pouvoir rester chez nous et continuons à le rester, pour eux, pour nous, pour nos proches.

#StayHome #StaySafe

Nathalie Blaise et Marine Dechamps, Com2, Community Management

Post Author: comuniquehepl

Facebook
Instagram