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Luffy coule dans une mer pourtant calme, Hinata ne vole plus à la recherche de ce smash  spectaculaire et l’épée d’Asta ne lui sert plus à rien. Si l’un de ces noms vous est familier, vous êtes peut-être un membre de la communauté japonophile occidentale…qui se retrouve bien blasée en cette fin d’année !

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Il est vrai que ma déception face aux délais prolongés des diffusions de mes animes préférés ne sera jamais au même niveau que mon intérêt pour le bien-être de ma famille. Mon petit cœur d’otaku ne peut cependant se résigner aux dernières nouvelles provenant de l’univers du manga et des séries animées japonaises : mauvaises, toutes mauvaises ! Vous n’avez pas pu le manquer ces derniers mois, le Coronavirus est devenu la star des JT et des repas de famille. Il a touché le monde entier, mettant à mal tous les secteurs et toutes les activités, sociales ou professionnelles.

En Europe, cette crise sanitaire a provoqué l’annulation de presque tous les évènements culturels. Les festivals (mes chers nakama penseront comme moi à la Made In Asia et à la Japan Expo) et les concerts ont été annulés, tandis que les musées ont fermé leurs portes au public. C’est bien parce que le sujet de cet article est la culture mais le virus est un charo, il les veut toutes. Bien des entreprises ont dû cesser leurs activités sans parler du domaine touristique, véritable Ace (RIP) du monde réel, pour qui le poing sale du coronavirus est encore l’élément principal de cet arc 2020.

Libre de droit, PixabayAbdulla Binmassam

Au Japon, les maisons d’éditions et les studios d’animation comptent parmi les victimes ayant subi le plus de dégâts, à coups d’annulations, de coupes budgétaires et de retards dans le calendrier des sorties. Ainsi, ce n’est plus une industrie mais un monument historique culturel qui est mis à mal, malgré les quelques médisances de certains européens encore réfractaires à ce genre de média. Les amateurs ont été les témoins d’une véritable éclipse des contenus et des productions. Le cercle du divertissement japonais, comme tous les autres d’ailleurs, ne tourne désormais plus rond, mais bien au son de cloche des autorités, celles-ci plus préoccupées, et à juste titre, par le bien des citoyens que par notre soif d’aventures.

Ainsi, les amateurs de volley ont dû prendre leur mal en patience en attendant la deuxième partie tant espérée de la 4e saison de la série Haikyuu, prévue pour juillet mais reportée en octobre. Les lecteurs assidus suivant la quête de Luffy devront eux attendre avant de le revoir retrouver la mer. Eiichiro Oda, auteur du manga One Piece, rassure cependant ses fans : « Comprenez bien que nous ne faisons pas de pause parce que je ne me sens pas bien, nous réorganisons le travail pour continuer à faire ce manga tout en restant en bonne santé !! ».

S’il y a bien des acteurs pouvant se targuer d’être les grands gagnants de cette épopée apocalyptique, ce sont les services streaming. Ces plateformes, comme ADN ou Wakanim, admettent une augmentation fulgurante du nombre d’utilisateurs. Julie Lemoine, directeur général da la plateforme ADN, témoigne dans le journal Le Monde : « Nous tournions entre 15 et 20 millions de pages vues par mois, ça a doublé, avec 40 millions de pages vues entre le 15 mars et le 15 avril. ». Le souci qui ne va pas tarder à les rattraper est le manque de nouveaux contenus. Ils pourront cependant se replier sur leurs catalogues respectifs, déjà bien remplis.

Les grands lésés dans ce domaine sont les accros du simulcast, qui attendent impatiemment la sortie d’un nouvel épisode chaque semaine et qui ne manquent jamais une date de diffusion. Ceux-ci n’auront pas d’autres choix que de se replonger dans d’autres séries, ou dans les épisodes précédents pour attendre que cette mauvaise passe …passe ! Je tiens quand même à rappeler qu’il y a de quoi faire, on peut mentionner ici les 150 premiers épisodes de la série Black Clover, les 180 de la série complète Reborn ! ou encore, mais faut-il vraiment en parler, des 949 épisodes de One Piece ! Même si je recommande de plutôt s’intéresser au manga, la mauvaise qualité d’animation commençant tout doucement à s’imprimer sur mes pauvres rétines.

Bande annonce de One Piece, une relique …

Les séries animées s’en sortent encore bien, leur format permettant une commercialisation assez facile sur la toile. Les mangas papier n’ont pas cette chance et sont d’ailleurs mis à mal par leur diffusion illégale gratuite sur internet. C’est malheureusement une tendance qui s’est répandue, les lecteurs ne voulant plus sortir afin d’acheter le dernier tome de My Hero Academia, préférant le lire illégalement sur les centaines de sites qui le proposent. C’est la fameuse tendance #ReadOnlineFree .  Dans un contexte déjà tendu au sein du domaine de cette littérature, la crise n’a fait qu’accentuer cette bataille contre le numérique.

2020, l’arc final de l’industrie du manga et de l’anime comme nous la connaissons ?

On peut, je pense, qualifier cette année 2020 comme une période perdue, une année à mettre de côté avant d’en commencer une nouvelle, bien meilleure. Même si ce sera difficile de faire pire (suis-je en train de titiller le mauvais œil ? Réponse l’année prochaine !). Cette crise marque-t-elle le glas du divertissement culturel tel que nous le connaissons ? Le monde du manga et de l’animation japonaise avait déjà son lot de lacunes avant la pandémie. En effet, des dessinateurs sous-payés, des éditeurs débordés, une recherche de la quantité au détriment de la qualité…Cette grippe est comme une flèche plantée dans le pied d’un héros boiteux, croulant sous le joug du numérique et d’une course à la vitesse. J’espère, malgré ce triste constat, que des passionnés auront en eux de quoi redresser ce monument bancal, afin que nous ne connaissions jamais le clou du dernier épisode de cet univers fictionnel qui continue à me faire trembler d’anticipation (même s’il est temps que One Piece se termine, cela fait quand même 21 ans !).  

Laura Leskens, Bloc 3, Communication et Projets culturels

Bibliographie

Post Author: comuniquehepl

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