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Raphaël Mezrahi, invité au Festival International du Film de Comédie de Liège 2019

Raphaël Mezrahi était à Liège le week-end du 9-10 novembre 2019 pour le Festival International du Film de Comédie de Liège.

Qui n’aime pas Raphaël Mezrahi ? Cet humoriste français qui s’est fait connaitre grâce à ses sketchs dans les années nonante et dans lesquels il incarne Hugues Delatte, un piètre journaliste. Des interviews improbables dont on retiendra surtout la bêtise de Nabilla et la colère de Jean-Pierre Castaldi. On l’aime tellement, ce Raphaël Mezrahi, qu’il peut se permettre d’arriver avec une heure de retard et tout le monde applaudit.

Tout juste sorti de table, les joues rouges et à bout de souffle, le grand humoriste arrive sur scène : « C’est une organisation lamentable. Je vous prie de m’excuser, je trouve ça irrespectueux mais ce n’est pas moi ». Malaise dans le public. On ne sait pas si on doit rire ou être gêné pour Pascal Michel (RTBF), l’animateur qui meuble depuis déjà plus d’une heure.

« Si j’avais été belge, je serais une star » : Mezrahi commence fort. Mais que veut-il dire par là ? Son second degré acerbe ne fait pas toujours mouche dans la salle, sans doute parce qu’il ne suffit pas d’être piquant pour être drôle. N’est pas Benoit Poelvoorde ou François Damiens qui veut. Deux sommités belges auxquelles Mezrahi n’a pas peur de se comparer. Pourtant, les sièges du cinéma sont occupés par des étudiants obligés d’être là, dont la plupart ne le connait même pas. Seulement une poignée de personnes est venue expressément pour lui.

« Mais si, vous le connaissez… L’interview de Nabilla ! »

Mais qui est donc Raphael Mezrahi ? A l’issue de cette rencontre organisée dans le cadre du Festival International du Film de Comédie de Liège, il semble indispensable de présenter l’un de ses présidents du jury de la critique auprès des jeunes qui constituaient la majorité du public, ce vendredi 8 novembre, au Cinéma Le Palace.

« Mais si vous, le connaissez… L’interview de Nabilla ! » : voici ce que l’on n’a cessé d’entendre durant cette rencontre. Pourtant, Mezrahi, c’est bien plus que ça pour toute une génération. Mezrahi c’est plus de 160 interviews avec les plus grandes personnalités de l’époque, dont une bonne partie n’a pas été diffusée. Mais les images, il les garde bien précieusement pour ses fans quand il les diffuse lors de ses spectacles : « J’ai des images inédites de Gainsbourg », raconte-t-il. « Beaucoup de personnalités ne voulaient pas être diffusées jusqu’à ce qu’ils comprennent l’ampleur de la chose. J’ai tout gardé ! ».

Grâce à Nagui, Mezrahi se lance dans l’émission « Caméra indiscrète » et se trouve un talent dans l’art de piéger les stars.

Puisqu’il faut bien commencer quelque part, Mezrahi nait à Sousse le 24 mars 1964, en Tunisie, avant d’arriver en France avec sa famille l’année suivante. Passionné de cinéma, le futur humoriste décrochera une licence dans le domaine avant de se lancer dans un stage chez TF1 au cours duquel il « déshabillera 1500 filles » : « Je préférais ça aux examens », a-t-il confié lors de la conférence.

Grâce à Nagui, Mezrahi se lance dans l’émission « Caméra indiscrète » et se trouve un talent dans l’art de piéger les stars avec, plus tard, son rôle d’Hughes Delatte grâce auquel il dupera les plus grands. Ses interviews seront diffusées sur TF1 puis sur Canal+ et remporteront un énorme succès. Celles de Castaldi ou de Brad Pitt deviendront même cultes.

Mais ce qu’on retiendra surtout de Mezrahi, c’est qu’il aura mis les plus grands mal à l’aise comme Pierre Arditi, Jean D’Ormesson, Michel Galabru ou encore Jean-Pierre Pernaut. On se souvient aussi de son célèbre entretien avec Brigitte Fontaine au cours duquel il lui fait croire qu’il s’attendait à rencontrer Madame Claude. « Vous êtes la maquilleuse ? », « Quoi ? Moi ? Je suis Brigitte Fontaine !». Encore du culte.

Les étudiants du bloc 1 du bac se rendant au Palace de Liège, lieu des rencontres cinématographiques du Festival.

Conclusion ? Non, Mezrahi, n’est pas une star. Il n’y a d’ailleurs pas de star système en Belgique. Ce qui caractérise les humoristes belges, c’est surtout leur humilité. On imagine très mal Poelvoorde se promener dans les rues de Namur accompagné de gardes du corps.

L’ami de jeunesse de Marka n’est pas belge non plus. Même s’il pratique l’absurde, marque de fabrique de l’humour belge, à l’instar de notre voisine, la perfide Albion. Le Français n’a peut-être pas les épaules pour rivaliser avec ses concurrents, lui qui dit ne pas se sentir à l’aise avec l’internet. Comment dès lors, pourrait-il toucher les plus jeunes et renouveler son public, à défaut de renouveler son art, comme l’ont fait notamment les Inconnus, pour la sortie de leur film « Les trois frères : le retour » avec Norman sur YouTube ?

Pauline Govaert, Bloc 3, Orientation Infos-médias

Post Author: comuniquehepl

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